Les temps forts de l’histoire islamique (9-14) : De la naissance de l’état islamique à la mort du messager (paix à lui)
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- Les temps forts de l’histoire islamique
Les temps forts de l’histoire islamique
Écrit par
Un groupe d’enseignants de L’université Imam Saud à Riyadh
Traduit et adapté par
cUmar âbû cAbdillah Al-Maghribî
Revu et corrigé par
L’équipe Islamhouse
Publié par
Le bureau de prêche de Rabwah (Riyadh)
www.islamhouse.com
L’islam à la portée de tous !
تَقْوِيَةُ الإِسْلامِ فِي الْمَدِينَةِ وَ نَصْرُ اللهِ لِلْمُسْلِمِينَ
باللغة الفرنسية
ألّفها : جماعة من العلماء
- حفظهم الله -
ترجمة : عمر أبو عبد الله المغربي
مراجعة : قسم الترجمة الفرنسي لدار اﻹسلام
بِسْمِ اللهِ الرَّحْمنِ الرَّحِيمِ
Au nom d’Allah, L’infiniment Miséricordieux, le très Miséricordieux
Chapitres 9-14 :
De la naissance de l’état islamique a la mort du messager (e)
# LA SOCIETE MUSULMANE
# LES EXPEDITIONS DU MESSAGER (g)
# LA MORT DU PROPHETE (g)
L’édification de la société musulmane
Dès son arrivée à Médine, le prophète (g) s’attela à établir les fondements de l’état islamique naissant. Pour cela, il entreprit de nombreuses actions dont les plus importantes seront :
La construction de la mosquée
La première chose qu’entreprendra le messager (e) dans la nouvelle société sera la construction de la mosquée, à l’endroit même où se posa sa chamelle. Si le prophète (e) avait commencé par cela, c’est parce que la mosquée était le point de départ de la prédication islamique. C’est en son sein que s’accomplit la prière et que les musulmans se réunissent pour conduire leurs affaires et discuter de la politique à mener.
La fraternisation entre les émigrés et les auxiliaires
La deuxième chose que fera le messager (e) sera d’instaurer un lien de fraternité entre les Emigrés et les Auxiliaires. Cette fraternisation était indispensable pour que les Emigrés récupèrent les biens qu’ils avaient abandonné à la Mecque et pour que le messager (e) donne à sa prédication et à son état une assise solide reposant sur l’amour et l’harmonie. Chaque Emigré se fut attribué ainsi un frère parmi les Auxiliaires. Le prophète (e) attribuera d’ailleurs à ce lien de fraternité les mêmes droits et devoirs qu’à celle de sang.
Cette fraternisation n’empêchera cependant pas les Emigrés de partir chercher du travail et de gagner ainsi leur subsistance. Certains, en effet, se lanceront dans le commerce et prospéreront, d’autres préfèreront l’agriculture. Il résultera de toute cette activité un essor économique chez les Musulmans et cette prospérité sera l’un des piliers de l’Etat islamique naissant.
Le traité d’alliance entre les musulmans et les juifs
Outre les Musulmans et les polythéistes, Médine comptait une communauté juive qui se divisait en trois principales tribus : les Juifs de Banû An-Nadhîr, ceux de Banû Qaynuqâc et ceux de Banû Qurayzhah.
Le prophète (e) estima qu’il était plus sage et politiquement plus habile d’aborder cette communauté par l’amitié et de s’entendre avec elle sur une assistance mutuelle, de sorte à ce que Médine soit unie et forte. Il (e) élabora donc avec eux un traité exposant les droits et les devoirs des Musulmans ainsi que ceux des Juifs. La base de ce traité était la fraternité dans la citoyenneté, la défense de Médine en cas de conflit ainsi que la solidarité totale entre les deux communautés si un malheur venait à s’abattre sur l’une d’entre elles.
Par ce traité, le prophète (e) souhaitait protéger la prédication islamique contre un éventuel ennemi intérieur.
Si l’on ajoute à ce pacte ce qui fut également achevé pendant cette période, en particulier la construction de la mosquée et la fraternisation entre les Emigrés et les Auxiliaires, on est convaincu que les piliers d’une nouvelle force étaient apparus et que les facteurs de la puissance et de la victoire avaient pris corps. Effectivement, la présence de ces facteurs est très importante dans l’établissement d’une société car ils permettent de créer un Etat capable de repousser l’agression.
D’autre part, les polythéistes de la Mecque n’avaient toujours pas décoléré de l’exil du messager (e) et de ses compagnons à Médine. Bien au contraire, leur inquiétude augmenta et leur crainte s’accentua quant à la possibilité d’une menace musulmane sur leurs caravanes commerciales qui passaient régulièrement près de Médine. Allah (c) autorisa alors le messager (e) à prendre les armes afin de défendre la vie des Musulmans et la prédication islamique, ainsi que pour répondre à l’injustice et l’agression dont ils avaient souffert.
Allah (c) dit dans la sourate « Le Pèlerinage » :
« Autorisation est donnée à ceux qui sont attaqués (de se défendre), parce que vraiment ils sont lésés ; et Allah est certainement Capable de les secourir. Ceux qui ont été expulsés de leurs demeures – contre toute justice, simplement parce qu’ils disaient : « Allah est notre Seigneur ».[1] »
Vingt-six batailles auront lieu entre les Musulmans et les polythéistes dont les plus illustres sont celles de Badr, Uhud, celle des coalisés et la conquête de la Mecque.
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Les expéditions du messager (e)
La grande bataille de Badr
La première, et sans conteste la plus importante bataille de l’Islam, est la bataille de Badr qui se déroula le 17 du mois de Ramadan de l’an 2 de l’Hégire. Le motif de cette bataille fut qu’une caravane commerciale appartenant aux Mecquois revenait de la région du Shâm (l’Assyrie) en direction de la Mecque. Quand le messager (e) apprit qu’elle passerait près de Médine, il décida de s’en emparer comme compensation des biens que les polythéistes avaient accaparé et qui appartenaient aux Emigrés. Il (e) sortit donc avec un groupe de trois cent treize Musulmans composé en majorité d’Ansars.
Quand le chef de la caravane, Abû Sufyân, apprit que le messager (e) et ses adeptes étaient sortis pour s’emparer de la caravane, il envoya immédiatement un émissaire informer la Mecque et demander un renfort urgent. Les polythéistes, leurs dirigeants à leur tête, sortirent donc de la Mecque avec un effectif de neuf-cent cinquante hommes, cent chevaux et sept-cent chameaux.
Cependant, alors qu’ils étaient en chemin, un émissaire d’Abû Sufyân vint à leur rencontre et les informa que ce dernier ainsi que la caravane étaient sauvés, et leur demandait par conséquent de rebrousser chemin.
Mais Abû Jahl, extrêmement motivé à l’idée de combattre les Musulmans, s’obstina à poursuivre la route jusqu’à Badr et dit : « Par Allah, nous ne rebrousserons chemin que lorsque nous arriverons à Badr, que nous y bivouaquerons trois nuits durant, égorgeant le chameau, mangeant, buvant de l’alcool et que les arabes entendent parler de nous, de notre campagne et de notre grand nombre, de sorte qu’après cela ils nous craignent à tout jamais »
Ayant été informé de la situation, le prophète (e) réunit ses compagnons afin de les consulter. Constatant en eux une foi inébranlable et une détermination véritable à continuer d’avancer et à s’opposer aux Quraysh, il fut extrêmement réjoui et leur dit :
« Allez et réjouissez-vous, car Allah m’a assurément promis un des deux groupes et par Allah c’est comme si je voyais leurs dépouilles. »
Le prophète (e) et les Musulmans descendirent à la vallée de Badr et, suivant le conseil d’Al-Hubab Ibn Al-Mundhir Ibn Al-Jamuh, établirent leur emplacement près du puits. Le messager (e) inspecta ensuite les rangs des Musulmans et annonça par de fortes paroles pleines de foi le début de la bataille.
Il déclara : « Par celui Qui détient l’âme de Muhammad dans Sa main, personne aujourd’hui ne les combattra et se fera tuer, patientant et espérant (la récompense), faisant face sans tourner les talons, qu’Allah ne fera entrer au Paradis. »
Les deux camps se firent face et la bataille fit rage. Musulmans et Mecquois engageront toutes leurs forces dans la bataille et, malgré l’infériorité numérique et le manque de préparation, la force de la foi fut victorieuse. Les chefs des Quraysh tombèrent les uns après les autres sur le champ de bataille et l’armée du polythéisme fut défaite en dépit de son grand nombre et de son arsenal.
Parmi les morts ce jour-là, la tête de la mécréance et de l’égarement Umayyah Ibn Khalaf, mais aussi cUqbah Ibn Abâ Mucît, An-Nadhr Ibn Al-Hârith, Abû Jahl et cUtbah Ibn Rabîcah.
La bataille de Badr fut une cuisante défaite pour les Païens. En effet, ils fuirent le combat après que soixante-dix d’entre eux furent tués et que soixante-dix autres furent fait prisonniers. Quant aux Musulmans, quatorze d’entre eux seulement trouvèrent le martyr.
La victoire musulmane eut l’effet d’un cataclysme à travers toute la péninsule arabique. C’était, en effet, la première confrontation entre les Musulmans et les polythéistes et la victoire est revenue au petit nombre de croyants alors que Quraysh, après des années d’entêtement, de guerre contre la prédication islamique et de moqueries à l’égard du prophète (e) et de ses adeptes, fut vaincue. La bataille de Badr aboutit donc à une nouvelle donne, à savoir l’ébranlement des piliers du polythéisme.
La bataille d’Uhud
Après la bataille de Badr, les polythéistes retournèrent à la Mecque où le chagrin, dû aux morts, dont bon nombre de dirigeants tombés à Badr, avait gagné tout le monde. Ils s’accordèrent donc sur la nécessité de se venger de Muhammad (e) et de ses adeptes.
Pendant un an, ils prépareront cette vengeance et un grand nombre de tribus se joindra du reste à eux. Ainsi, sous le commandement d’Abû Sufyân, les forces Qurayshites, fortes de trois mille hommes, dotés de tout l’armement nécessaire, se mirent en route vers Médine.
A cinq miles de la ville, au pied du mont Uhud, l’armée de la Mecque établit son campement. Ayant appris la nouvelle, le messager (e) consulta ses compagnons et leur dit : « Que dites-vous de rester dans la ville et de les laisser où ils sont ? Car s’ils restent à cet endroit, ils restent dans un bien mauvais endroit, et s’ils pénètrent chez nous, nous les combattrons à l’intérieur de la ville. »
Cependant, les jeunes Médinois, enthousiastes à l’idée de combattre, surtout ceux qui n’avaient pas participé à la bataille de Badr, furent d’un autre avis et déclarèrent :
- « Ô messager d’Allah, sors avec nous à la rencontre de nos ennemis afin qu’ils ne s’imaginent pas que nous avons eu peur d’eux et que nous avons faibli. »
Constatant que la majorité penchait pour cet avis, le prophète (g) opta pour cet avis. Aussi, le 10 du mois de Shawwâl, le prophète (e) accomplit la prière du vendredi et durant son sermon, il enjoigna ses compagnons à la patience ainsi qu’à être fermes. Il remit ensuite l’étendard des Emigrés à Muscab Ibn cUmayr, celui des Khazraj à Al-Hubâb Ibn Al-Mundhir et celui des Aws à Usayd Ibn Hudhayr.
Puis l’armée médinoise, dont l’effectif avoisinait les mille soldats, se mit en marche. A mi-chemin, le chef des hypocrites cAbdullah Ibn Ubayy rebroussa chemin avec trois cents parmi ses compagnons, laissant ainsi le prophète (e), en compagnie de sept cents croyants sincères.
Arrivés au mont Uhud, les Musulmans firent halte et se placèrent dos au mont et face à Médine. Le messager (e) se mit ensuite à organiser ses troupes, il plaça cinquante archers sur un sentier du mont derrière l’armée. Il leur intima l’ordre de garder cette position et de ne la quitter sous aucun prétexte, même dans le cas où la défaite des polythéistes leur apparaissait.
Puis, les deux groupes se firent face. La bataille, comme le veut la tradition, débuta d’abord par un affront. Et sur ce terrain, la victoire fut du côté musulman. La cavalerie païenne chargea ensuite à trois reprises les combattants de la foi, l’affrontement s’intensifia. Sentant que leurs frères étaient en train de l’emporter, les archers musulmans abandonnèrent leurs positions. Oubliant l’ordre du prophète (e), ils descendirent sur le champ de bataille amasser le butin que les païens avaient abandonné derrière eux.
En embuscade, le chef de la cavalerie païenne, Khâlid Ibn Al-Walîd, ne laissa l’occasion s’échapper et prit les musulmans, alors occupés à rassembler le butin, à revers.
Surpris, les musulmans furent pris de panique et se désorganisèrent au point même que certains se frappèrent entre eux. Et quand de surcroît, il fut diffusé trompeusement que le messager (e) avait été tué, les combattants musulmans furent saisis d’effroi.
Ce dernier (e) ne sera heureusement que blessé dans la bataille. Certes, il eut quelques dents cassées (les prémolaires), le front balafré et la lèvre coupée, mais il demeurera néanmoins ferme et sa foi n’en sera pas pour autant ébranlée.
Finalement, après la perte de soixante-dix des leurs, dont l’illuste Hamza Ibn cAbdil_Muttalib, les Musulmans seront contraints de battre en retraite. Les victimes païennes s’élèveront quant à elles au nombre de vingt-deux.
La campagne des coalisés
Apres leur victoire à Uhud, les Qurayshites, ayant goûté à la victoire après la défaite, trouvèrent dans ceci de quoi les encourager à continuer de combattre la prédication islamique. Pensant les Musulmans affaiblis, ils se dirent qu’il était aisé d’en finir avec eux.
Pour les Musulmans en revanche, il fut pénible que le faux l’emporta sur le vrai et surtout, que ce résultat soit la conséquence de la désobéissance de quelques combattants au messager (m), alors que ce dernier (m) était le chef de la bataille. Il leur fut également pénible que ce résultat encouragea certaines tribus arabes à prendre une position plus dure envers la prédication islamique.
D’autre part, et dans ces conditions difficiles, les Juifs de Médine, en dépit de l’alliance contractée avec leurs concitoyens musulmans, se mirent à tramer des complots contre le messager (m) et sa prédication.
L’Envoyé d’Allah (m) fera face à la trahison avec la plus grande fermeté. En l’an 4 de l’Hégire, il expulsera de Médine une de leurs tribus, celle des Banû An-Nadhîr. Cette expulsion aura pour effet d’attiser le feu de la rancune et de la haine dans le cœur des autres Juifs qui se mettront dès lors à parcourir l’Arabie dans le but de dresser les tribus arabes contre les Musulmans.
Ils parviendront à leurs fins puisqu’ils réussiront à s’allier avec Quraysh pour combattre le prophète (m) et sa communauté.
Pour ce faire, la tribu mecquoise ralliera contre les croyants plusieurs tribus arabes réunissant des groupes des Ghatafân, Banû Murrah, Banû Ashjac, Banû Sulaym et Banû Usud.
Ces groupes seront surnommés les Coalisés, qui forts d’une immense armée, se mettront enhardis en ordre de marche vers Médine.
La composition des Coalisés était la suivante :
- Quraysh, dirigée par Abû Sufyân, forte de 4000 hommes, 300 chevaux et 1000 chameaux.
- Ghatafân, constitué de mille cavaliers dirigés par cUyaynah Ibn Hisn.
- Quant aux groupes restants, ce sont Banû Murrah, Banû Ashjac, Banû Sulaym et Banû Usud.
Le nombre total de coalisés s’élevait à 10 000 hommes et leur général en chef était Abû Sufyân. N’oublions pas qu’il y avait en plus dans leur camp les factions juives, qui s’entendaient avec les coalisés tant sur l’objectif que sur les moyens d’y parvenir.
Quand les Musulmans eurent vent de cette ligue islamophobe, le messager (m) consulta ses compagnons comme à son habitude sur la meilleure marche à suivre.
Salmân Al-Fârisî (Le Perse) (h) prit alors la parole et lui suggéra de creuser un fossé tout autour de la ville, qui servirait de ligne de défense et permettrait ainsi de repousser les offensives polythéistes.
Le fossé fut creusé et les Musulmans se fortifièrent à l’intérieur de la ville afin de la défendre. Cette mesure sera d’une importance capitale dans la défense de Médine car elle empêchera effectivement les coalisés d’y pénétrer.
Néanmoins, c’est de l’intérieur que viendra le danger. En effet, les Juifs de Banû Qurayzhah, en violation totale de leur traité avec les Musulmans, permirent aux polythéistes d’entrer dans la ville du coté de leurs habitations. Par cet acte, la tribu juive changea littéralement de camp et rejoignit les coalisés contre le messager (m) et les Musulmans.
Apres cette trahison, la position du messager (m) et des Musulmans était devenue absolument intenable. Toutefois, en raison de sa foi profonde dans le secours d’Allah (c), le messager (e) parvint à contenir sa colère et rester maître de lui-même.
Heureusement, la crise se dissipera, notamment quand un coalisé, qui s’était entre temps converti à l’Islam, proposa ses services au messager (m).
Nucaym Ibn Mascûd, de la tribu de Ghatafân, était à la fois un ami de Quraysh et ami des Juifs. Il vint au messager (e) et lui dit :
- « Je me suis converti à l’Islam mais mon peuple l’ignore, dis-moi ce qu’il faut faire pour t’aider. »
- « Tu es seul, que pourrais-tu donc faire ? » lui répondit le messager (e). Puis il ajouta : « Mais sème la confusion autant que tu peux car la guerre, c’est la ruse. »
Le nouveau Musulman parvint à semer la discorde entres les polythéistes et les Juifs et à les monter les uns contre les autres tant et si bien qu’ils se divisèrent, chaque groupe se retournant contre l’autre. Les coalisés se mirent alors à se craindre les uns les autres.
Et puis soudain, lors d’une nuit sombre, des rafales de vent ainsi que des averses se succédèrent et un grand froid s’abattit. Le vent arracha leurs tentes augmentant la peur dans le cœur des mécréants qui, craignant que les Musulmans ne les attaquent par surprise, prirent la fuite pendant la nuit.
Quand l’aube se leva, les Musulmans regardèrent et constatèrent que cette grande armée avait tourné les talons :
« Et Allah a renvoyé avec leur rage les infidèles sans qu’ils n’aient obtenu aucun bien, et Allah a épargné aux croyants le combat. Allah est Fort et Puissant.[2] »
Après le revers des coalisés, le messager (e) se rendit avec ses Compagnons pour punir la trahison des Banû Qurayzhah et leur violation du pacte. Ceux-ci, s’attendant à des représailles, s’étaient retranchés dans leur forteresse.
Les Musulmans assiégèrent leurs habitations pendant vingt-cinq nuits. Lorsque la situation fut devenue trop grave et qu’ils ne trouvèrent aucune autre issue que de d’abdiquer et de capituler, ils demandèrent l’intercession de leurs alliés parmi les Aws, en réclamant l’intercession de leur chef, Sacd Ibn Mucâdh. Le messager (e) accepta la requête. Sacd statua qu’il fallait tuer les hommes et asservir les femmes et les enfants. Satisfait de ce jugement, le messager (e) déclara : « Tu as statué à leur sujet par le jugement d’Allah, ô Sacd ».
Par cette décision, le prophète (e) purifia la ville de Médine des Juifs. Plus tard, le deuxième calife de l’Islam cUmar Ibn Al-Khattâb (h) les expulsera du reste de la péninsule arabique, à cause de leur malfaisance et de leur nuisance. L’application du précédent jugement sur la tribu de Banû Qurayzhah marqua la fin de la bataille des coalisés, qui s’était déroulée pendant le mois de Shawwâl de l’an 5 de l’Hégire.
La treve d’Al-Hudaybiyah
Un an environ après la campagne des coalisés, au mois de Dhul-Qicdah de l’an 6 de l’Hégire, le messager (e) et les Musulmans prirent la décision d’accomplir la cUmrah (Pèlerinage Mineur).
Ainsi, le prophète (e), accompagné de mille quatre cents de ses compagnons, sortit donc de Médine et fit route vers La Mecque. Les pèlerins entrèrent en état de sacralisation et amenèrent leurs offrandes avec eux. Ils n’avaient pour seules armes que leurs épées dans leurs fourreaux. Peu avant leur arrivée à La Mecque, ils firent halte à un endroit nommé Al-Hudaybiyah.
Apprenant la nouvelle de l’arrivée du prophète (e) et de ses hommes, Quraysh, pensant qu’ils étaient venus faire la guerre, fut prise de panique.
Mais, le messager (e), par la voix de certains de ses compagnons, leur assura que ses intentions n’étaient nullement belliqueuses et qu’il avait pour seule intention d’accomplir le pèlerinage mineur.
cUthmân Ibn cAffân (h) comptait parmi ceux que le messager (e) dépêcha à la Mecque afin d’assurer ses dirigeants de la véracité de ses intentions pacifiques.
Voyant que ce dernier tardait à revenir, la rumeur courut parmi les Musulmans qu’il avait été tué.
Le messager (e) invita alors ses compagnons à lui prêter allégeance et ces derniers lui firent, sous un arbre, le serment de rester fermes.
Ce serment est la fameuse Baycat Ar-Ridhwân, que le Coran a mentionné en ces termes :
« Allah a très certainement agréé les croyants quand ils t’ont prêté le serment d’allégeance sous l’arbre. Il a su ce qu’il y avait dans leurs cœurs et a fait descendre sur eux la quiétude, et Il les a récompensés par une victoire proche.[3] »
Craignant les conséquences d’un conflit avec les Musulmans, Quraysh opta pour l’apaisement.
Elle dépêcha son plénipotentiaire[4], Suhayl Ibn cAmr, négocier avec le prophète (e) les modalités d’une trêve permettant de sortir de cette crise.
Ces négociations aboutiront à la fameuse trêve d’Al-Hudaybiyah qui stipulait les termes suivants :
- L’arrêt immédiat des hostilités entre Musulmans et Mecquois, et ce, pendant une période de dix ans.
- Toute personne de Quraysh qui rejoint les Musulmans devra leur être rendu immédiatement rendue par les musulmans. En revanche, si un Musulman venait à Quraysh, celle-ci ne serait pas tenue de le leur rendre.
- Le prophète (m) et ses compagnons retourneront cette année à Médine sans avoir accompli de cUmrah. Ils seront toutefois autorisés à le faire l’année suivante. Le prophète (m) entrera à La Mecque avec ses compagnons et Quraysh se tiendra, à ce moment-là, hors du lieu sacré. Les Musulmans pourront y rester trois jours, n’ayant pour seules armes leurs arcs et leurs épées rangées dans leurs fourreaux.
- Quiconque désirant entrer dans l’alliance de Muhammad (m) le pourra et quiconque désirant entrer dans celle de Quraysh, le pourra également.
Conformément à ces termes, le messager (m) retourna avec ses compagnons à Médine sans avoir accompli de cUmrah cette année-là. Puis, au mois de Dhul-Qicdah de l’année suivante, l’an 7 de l’Hégire, le messager (m) partit accomplir la cUmrah avec ses compagnons.
Comme convenu, ils entrèrent à la Mecque et les polythéistes en sortirent. Ils accomplirent les rites du pèlerinage mineur et trois jours après, comme stipulé dans la trêve, le messager (m) donna l’ordre de lever le camp et retourna avec ses hommes sains et saufs à Médine.
La cUmrah accomplie cette année-là par le messager (m) et ses compagnons sera connue sous le nom de cUmrah de rattrapage, c’est à dire qu’ils ont du rattraper la cUmrah qu’ils n’avaient pu accomplir l’année précédente.
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La conquête de la Mecque
Parmi les termes de la trêve d’Al-Hudaybiyah, il était stipulé que quiconque désirait entrer dans l’alliance de Muhammad (m) le pouvait et que quiconque en revanche, souhaitait entrer dans celle de Quraysh le pouvait également.
En vertu de cela, la tribu de Khuzâcah entra dans l’alliance du messager (e) tandis que celle de Bakr préféra entrer dans celle de Quraysh.
Un conflit éclata entre les deux tribus et Quraysh entra dans le conflit aux côtés de son allié, rompant par cela la trêve conclue un an auparavant. Le chef des Khuzâcah, cAmr Ibn Sâlim, se rendit alors à Médine demander secours et renfort au messager (e) se plaignant des Bakr et des Quraysh. Le messager (e) lui répondit :
« Ton secours est certes arrivé, ô cAmr Ibn Sâlim ! »
Cette parole fut le signe du début de la marche pour une grande entreprise : la conquête de la Mecque.
L’armée musulmane se mit en marche le huit du mois de Ramadan de l’an 8 de l’Hégire. En chemin, plusieurs groupes de la tribu des Aslam, des Muzaynah et des Ghatafân rallièrent l’armée médinoise jusqu’à ce que leur nombre atteigne dix mille hommes.
Ils progressèrent jusqu’à parvenir, après sept jours de marche, à une vallée appelée Marru_Zh-Zhahrân à proximité de La Mecque. L’armée campa et le prophète (e) ordonna à chaque homme d’allumer un feu de sorte à ce que la force de l’armée islamique qui était à proximité de La Mecque soit mise en évidence et ainsi jeter l’effroi dans le cœur de Quraysh, qui n’aura d’autre choix que de venir humiliée pour se rendre et se soumettre.
Abû Sufyân, le chef de La Mecque sortit s’enquérir des nouvelles et par la même, vérifier la rumeur qui se répandait dans sa cité. Dans l’obscurité, près des feux Musulmans, il tomba sur Al-cAbbâs Ibn cAbdil_Muttalib.
- « Qu’apportes-tu ? » lui demanda Abû Sufyân.
- « Voilà le messager d’Allah, qui vient avec ce que vous ne pouvez repousser ! » répondit Al-cAbbâs.
- « Quelle est donc la solution ? Toi qui m’es aussi cher que ma mère et mon père, » lui demanda alors Abû Sufyân.
Al-cAbbâs le fit monter derrière lui et l’emmena voir le messager (e). Devant ce dernier, Abû Sufyân se convertira et le messager (e) l’honorera d’une faveur qui élèvera sa position parmi les chefs de Quraysh. Il (e) décrétera en effet que quiconque entrerait dans sa maison serait en sécurité.
Apres avoir vu le grand nombre des Musulmans et l’immensité de leur armée, Abû Sufyân se précipita à La Mecque en criant de toutes ses forces :
- « Ô Quraysh ! Voilà Muhammad qui vous vient avec ce que vous ne pouvez repousser. Quiconque entre chez Abû Sufyân sera en sécurité. Quiconque ferme sa porte sera en sécurité, Quiconque entre dans la mosquée sera en sécurité ! »
De son côté, le messager (e) monta sur sa chamelle Al-Qaswâ’ et donna comme instruction aux chefs de l’armée de ne combattre que s’ils sont forcés à le faire. Ils se mirent en marche et entrèrent dans la ville sainte. Il ne se produira que quelques échauffourées avec les forces que dirigeait Khâlid Ibn Al-Walîd dans lesquelles vingt polythéistes trouveront la mort et deux musulmans le martyr.
Les musulmans prirent donc le contrôle de La Mecque et le messager (e) interpela les Qurayshites en leur disant :
- « Habitants de la Mecque, que pensez-vous que je vais faire de vous ? »
- « Un bien, noble frère, fils d’un noble frère » dirent-ils.
- « Allez en paix, vous êtes affranchis » leur dit alors le messager (e).
Par cette courte phrase, fut décrétée l’amnistie générale pour les habitants de La Mecque. Et c’est ainsi que le vendredi vingt du mois de Ramadan de l’an 8 de l’Hégire, le plus grand centre de paganisme de l’Arabie s’effondra.
Le messager (e) entra ensuite dans la Kacbah, au sein et autour de laquelle se trouvaient des statues que les Qurayshites prenaient en adoration. Un bâton à la main, il (e) les montra et déclara : « La vérité est venue et le faux s’en est allé, le faux est certes voué à disparaître. »
Il donna ensuite l’ordre de les sortir et de les mettre en pièces purifiant par cela la Maison Sacrée.
Après cela, les gens se mirent à prêter serment au messager (e) d’entrer en Islam. Parmi ceux qui se convertiront ce jour-là, Mucâwiya Ibn Abî Sufyân, et Abû Quhâfah le père d’Abû Bakr As-Siddîq (h). Après que les hommes eurent prêtés serment, ce fut au tour des femmes de le faire. Le messager (m) ordonna ensuite à Bilal (h) d’appeler à la prière et ce dernier s’exécuta sur le toit de la Kacbah, à présent purifiée des idoles. « Allahu Akbar, Allah Akbar... »
C’est ainsi que la Mecque passa du centre de la mécréance et du paganisme à la cité de l’Islam et du monothéisme.
La bataille de Hunayn
La première cité d’Arabie étant passée sous contrôle musulman, la résistance des tribus restantes du Hijâz s’effondra comme un château de sable. Le six du mois de Shawwal, une immense armée, avec le messager (m) à sa tête, se mit en marche vers la ville d’At-Tâ’if.
En chemin, à la vallée de Hunayn, une bataille eut lieu entre les Musulmans et les tribus de Hawâzin. Cette bataille se conclura le 10 du même mois par la défaite amère des Hawâzin et les Musulmans obtiendront de cette bataille un énorme butin.
Apres la bataille, les Musulmans poursuivirent leur marche vers At-Tâ’if et l’assiégèrent une fois arrivés à l’entrée de la ville. Après vingt nuits, le messager (m) leva le siège estimant avec sagesse qu’il était préférable d’abandonner la prise de la ville. Peu de temps s’écoula avant que des délégations de ces mêmes tribus, Hawâzin et Thaqîf, vinrent proclamer leur obéissance et leur allégeance au messager (m), ainsi que leur conversion à la noble religion de l’Islam.
A la fin de Dhul-Qicdah de l’an 8 de l’Hégire, le prophète (m) retourna à Médine où plusieurs délégations des diverses régions de l’Arabie vinrent proclamer leur conversion à la religion islamique.
En outre, le messager (m) commença à envoyer quelque uns de ses compagnons au Yémen, notamment Khâlid Ibn Al-Walîd (h) à Najrân.
Ces émissaires concrétiseront un remarquable succès et l’Islam se propagera en englobant toute la Péninsule Arabique.
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Des prémices du départ à la mort du prophète (e)
le pèlerinage d’adieu
En l’an 10 de l’Hégire, le prophète (m) fit part de son intention d’accomplir le Pèlerinage Majeur (Hajj). De toutes parts, les gens affluèrent vers Médine dans le but d’avoir l’immense honneur d’accompagner le messager (m) à La Mecque. Le nombre de ceux qui affluèrent dans ce but dépassera les cent mille.
Le quatre du mois de Dhul-Hijjah, le messager (m) et ceux qui l’accompagnaient entrèrent dans La Mecque et accomplirent les rites du Pèlerinage. Le neuf, jour de la station à cArafât, l’envoyé (m) prononça un sermon général et universel aux Musulmans, qui sera connu comme le sermon d’adieu. Dans ce sermon se trouve l’exposé des bases de la religion ainsi que de ses principes. Voici un extrait de ce discours :
« Ô gens, votre sang et vos biens vous sont certes sacrés et ce, jusqu’à que vous rencontriez votre Seigneur, comme vous est sacré ce jour-ci, de ce mois-ci, dans votre cité que voici.
Que quiconque donc possède chez lui un dépôt le rende à son propriétaire.
Ô gens, les croyants ne sont que des frères. Il n’est permis à personne de prendre les biens de son frère sauf de son plein gré.
Ne redevenez surtout pas mécréants après moi en vous entretuant, car j’ai bien laissé parmi vous quelque chose grâce auquel, si vous vous y attachez, jamais vous ne vous égarerez : le Livre d’Allah.
N’ai-je pas transmis ? Seigneur sois témoin ! Ô gens, votre Seigneur est unique et votre père est unique. Vous venez tous d’Adam et Adam est fait de terre. Le plus noble d’entre vous auprès d’Allah est certes le plus pieux. Un arabe n’est en aucun cas supérieur à un non arabe, sauf s’il est plus pieux. N’ai-je pas transmis ? Seigneur sois témoin !
Que celui qui est présent transmette à l’absent. »
L’année des délégations
En l’an 9 de l’Hégire, plusieurs délégations des tribus arabes affluèrent à Médine, centre de la prédication et capitale du nouvel Etat islamique.
Certaines de ces délégations venaient annoncer la conversion de leur peuple ou de leur tribu, d’autres encore venaient simplement s’informer sur la nouvelle religion ainsi que sur ses préceptes.
A leur retour, ces dernières transmettaient à leurs peuples qui adoptaient l’Islam. C’est ainsi que la nouvelle religion a rapidement englobé toute la Péninsule Arabique. Parmi ces délégations, se trouvait la tribu des cAbdishams, dont le chef proclama sa conversion à l’Islam après avoir pris connaissance de ses piliers. Il y avait également celle des Banû Tamîm dont les membres se convertiront également et retourneront chez eux propager l’Islam, ou encore celles des Banû cÂmir, des Zabn, des Kindah et bien d’autres.
La venue de ces délégations à Médine annonçant leur conversion sera un progrès considérable dans l’histoire de la prédication car elle inversera le courant de celle-ci. Dans les premiers temps en effet, le messager (e) se présentait aux tribus et leur demandait de l’aide. Il essuyait en général un refus et était reçu de bien mauvaise manière.
Mais en l’an 9, les choses avaient bel et bien changé, des délégations de ces mêmes tribus se disputaient maintenant la présence à Médine pour proclamer leur conversion.
La mort du prophète (e)
Vers la fin du mois de Safar de l’an 11 de l’Hégire, le prophète (e) commença à se plaindre d’une fièvre qui durera treize jours. Une courte période qu’il passera dans la maison de son épouse qu’il chérissait le plus : cAïshah.
Finalement, durant la matinée du lundi 18 du mois de Rabîc Al-Awwal, premier de la même année (8 juin 633 après J-C), le prophète (e) s’éteignit et rejoignit l’assemblée céleste. Il avait ainsi passé soixante-trois années et trois jours lunaires sur cette terre, ce qui correspond à soixante et une année solaire et quatre-vingt-quatre jours.
La nouvelle de sa mort fut un terrible choc pour les compagnons. Certains doutèrent même de la nouvelle, d’autre furent comme frappés de mutisme, d’autres encore se mirent à bafouiller, certains enfin furent consternés. En ces moments extrêmement difficiles, Abû Bakr As-Siddîq (h) entra chez le prophète (e), découvrit son visage, l’embrassa sur le front et se mit à pleurer :
« Tu m’es plus cher que mon père, ma mère, ma famille et moi-même, que tu sois purifié, vivant ou mort » dit-il.
Il se rendit ensuite à la mosquée où les gens étaient encore divisés entre ceux qui y croyaient et ceux qui ne pouvaient l’admettre. Il loua Allah (b) et déclara : « Que celui qui adorait Muhammad sache que celui-ci est mort, mais que celui qui adorait Allah sache qu’Allah est bien vivant et qu’Il ne meurt jamais. ».
Puis il récita les paroles d’Allah (b) :
« En vérité tu mourras et ils mourront eux aussi[5]. »
« Muhammad n’est qu’un messager. Des messagers avant lui sont passés. S’il mourrait donc, ou s’il était tué, retourneriez-vous sur vos talons ? Quiconque retourne sur ses talons ne nuira en rien à Allah ; et Allah récompensera bientôt les reconnaissants.[6] »
C’est ainsi qu’Abû Bakr (h) rappela aux Musulmans les versets qui mettaient en évidence le fait que le messager (e) n’était qu’un simple mortel. Il confirma donc la réalité du décès et ceux qui avaient renié la nouvelle reprirent leurs esprits. Puis, le messager (e) fut enterré.
Le mouvement de la prédication à la religion d’Allah (c) ne s’arrêtera pas pour autant, une ère nouvelle débutera plutôt, celle des Califes biens guidés (h).